Lecture de « Son nom sous l'écorce » par Luce Guilbaud
- leseditionsdupetit
- 15 avr.
- 2 min de lecture
« L’arbre qu’on ignorait être soi. »
« Son nom sous l’écorce »
Samuel Martin-Boche
Éditions du petit pois.
« Tout commence dans l’invisible » dit Alexandre Hollan, cité par Samuel Martin-Boche. Cette petite rumeur de temps qui nous éveille et nous ouvre les yeux, nous met en communication avec l’apparente indifférence, l’impassible présence de l’arbre. Ces textes consacrés à l’arbre, aux arbres, sont très émouvants. Le poète est sensible à l’arbre dans sa singularité, son unicité, même dans la forêt parmi les autres. Que reconnaît-il de lui lorsqu’il choisit cet arbre-là ? Cet arbre qui devient le sujet ? L’arbre comme « personne » au milieu des autres les représente tous.

Il peut avoir un nom : « fagus sylvatica », le hêtre forestier dans son élan ou alors le « tortillard » enchevêtrant ses branches vers le sol. L’arbre reconnu est traversé par celui qui le regarde, le scrute, l’admire, attend de lui quelques réponses à ses questions. Même si « accepter/de ne pas/questionner/plus »…
Chaque texte est au plus juste, ne transigeant pas sur « l’exigence/de vérité ».
On est ici devant les grandes forces énigmatiques de l’arbre, devant l’invisible pouvoir de la nature qui nous laisse muets la plupart du temps ou dans des épanchements lyriques et romantiques que la poésie ne connaît que trop. Ici les textes trouvent les mots qui se disent avec réserve et une sensibilité très personnelle.
Car l’arbre est « une leçon de présence » dit Roberto Juaroz (cité aussi par Samuel Martin-Boche), l’arbre qui contient « la vie dans ses marges », l’arbre du promeneur, du forestier, l’arbre dans sa vigueur paisible, lien entre terre et ciel, prétexte pour l’auteur d’une élaboration autant poétique que philosophique.
Ce recueil « Son nom sous l’écorce » suit l’écriture de « Chemins de l’arbre », toujours aux éditions du Petit Pois. Avec simplicité, rigueur et obstination, le poème énonce l’arbre, tous les arbres, entre questions et révélation.
Samuel Martin-Boche laisse l’arbre se dire dans « l’opportunité/du silence/en partage »…
Luce Guilbaud, octobre 2024.
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