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« Epiphanies » - Lecture de Claire Germain


« Ecouter tout ce qui commence et qui meurt si loin si proche aux mailles du silence »

écrit Jean-Pierre Siméon dans Un homme sans manteau. La poésie de Sébastien Robert est une poésie de l’écoute, de l’accueil. Ses textes, à la lisière du sensible et du spirituel, disent une manière d’être au monde. Il a hérité d’Yves Bonnefoy l’ancrage dans un « hic et nunc », la célébration du réel simple et immédiat, la capacité à voir au-delà de l’apparente transparence des choses. Il y a un réel au-delà de la réalité, semble-t-il, pour le poète. Et comme Pierre Reverdy avant lui, Sébastien Robert s’appuie sur la puissance de l’image pour rapprocher les réalités éloignées. Reverdy, Jaccottet sont peut-être les pères de cette poésie du dépouillement, de cette poésie ouverte au Mystère.

Le « je » qui nous parle dit une ouverture personnelle et pourtant universelle au monde. Les poèmes de ce recueil, on le ressent intimement, sont nés d’un vécu, disent des lieux qui existent. L’eau et les vents qui irriguent ces vers ont déferlé sur le poète. Il a foulé la terre, sondé le Ciel qu’il chante.

Point de chant pourtant. Mais des silences. La quête du mot. Juste. Seul. Unique s’il le faut.

A la manière d’un André du Bouchet pour qui « écrire », c’est « user de la parole en silence », Sébastien Robert nous guide par les mots mais aussi par les silences qu’il nous impose. Le blanc, l’espace, fait partie du poème. Parfois entre deux vers, parfois entre deux mots, sur un même vers. La voix se tait et l’espace amène le silence, mais ce silence n’est pas le vide. Car dans cet espace, ce passage, cette lisière, surgit la parole poétique.

S’il faut rechercher une unité de ton dans le recueil, elle est peut-être à trouver dans le refus d’un lyrisme de l’épanchement. Ces textes sont personnels, par la relation à Dieu qu’ils dessinent, par certaines allusions. Ils évitent pourtant le piège de la béatitude mièvre par des images neuves, réinventées, parfois oxymoriques, par la simplicité et le refus d’un certain verbiage, comme si le poète préférait ne pas dire que dire trop.

Les présences humaines et divines s’entremêlent et les textes interrogent de manière sans cesse renouvelée notre capacité à recevoir ce qui nous est donné.

Point de grands discours mais des images, des sensations qui se juxtaposent et dessinent un tableau par de légères touches successives. Dieu se révèle dans le monde ou dans l’homme. Et la poésie semble être pour Sébastien Robert le lieu, l’espace qui nous permet d’accéder au Sens. Ou de le chercher.


Claire Germain

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